ARTICLE de Sylvie Chenard, artiste musicienne, aspirante col roulée à la Ville de Montréal projetsdelabaleine arobase gmail point com / http://www.lesprojetsdelabaleine.net/ |
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Le bruit "e,t"
son contrat social Le rôle du bruit "e,t" le sentiment de la perte de sens et de l'impossibilité de.... Le bruit "e,t" les systèmes plus démocratiques Commentaire de Andra McCartney |
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Le bruit
"e,t" son contrat social Voici un petit pamphlet ou manifeste à l'intention des personnes agissant sur le développement des cultures sonores pour une gestion écologique des matières sonores résiduelles issues des modes de vie actuels, matières sonores acoustiques et électriques, analogiques et numériques. Cette réflexion questionne l'impact social de l'intégration du bruit dans nos vies et dans la musique aujourd'hui? Pour plusieurs artistes du 20ième et du 21ième siècle, l'insertion du bruit dans le langage et les technologies du sonore a transformé la représentation et la perception humaine. Cette insertion a créé un ensemble de dispositifs et de discours politiques iconoclastes dans le récit, la narration, dans le documentaire, dans l'expérimentation et l'improvisation. Les fonctions ludiques se sont particulièrement développées avec les nouvelles technologies : nouvelle lutherie numérique, jouets sonores et visuels, nouvelles tessitures, synthèse et granulation sonore, sons concrets et échantillonnages modifiés en temps réel. [1] À l'origine, ce texte devait mener à recueillir des commentaires et ainsi créer un maillage à propos des nouvelles avenues à élaborer pour améliorer la qualité de vie. Également, il devait être la base d'une installation au bruit et au mouvement perpétuel. Ces aspects participatifs et créatifs sont plutôt devenus des sujets de méditation et des communications amicales, ce qui semble préférable du point de vue de l'éternel présent. Finalement, l'océan, cette boucle sonore spatio-temporelle, est devenu bien suffisant pour joindre l'infini du temps. Merci aux personnes qui ont contribué à ces découvertes, particulièrement David Cecchetto (communications, références), Hildegard Westerkamp (références). Eveline Boudreau (communications, commentaire), Benjamin Proulx-Mathers (références, non-intentionnalité), et Andra Mccartney (références et commentaire). Le travail sur le bruit, la matière sonore a produit l'art sonore et a démocratisé l'électroacoustique. Une nouvelle culture a été créée où les frontières entre musique et bruit de même que leur dynamique avec leur contexte sont plus fluides. Si des acteurs de l'industrie ou de l'académie ont posé la question à savoir s'il s'agit de musique, les artistes sonores pour leur part ont proposé de nouvelles façons de concevoir et percevoir la vie, la musique et l'art notamment en les décloisonnant, en les déhiérarchisant. Les nouvelles musiques issues des cultures émergentes et des tendances actuelles sont en constante mutation. Les philosophies et les technologies récentes contribuent à déterritorialiser constamment leur champ et leur définition. Les anciens corporatismes et cadres figés ne tiennent plus, ne sont plus des références pour bon nombre. La démocratisation des moyens technologiques (ordinateur, logiciel auteur libre etc.) a rendu accessibles à plusieurs artistes les possibilités de la composition, de la production, de l'expérimentation sonore, et de la diffusion. Cette démocratisation a aussi ouvert des possibilités comme la non-linéarité, l'hybridité, la mixité, la diversité, le décloisonnement des sources, des genres, des approches, des systèmes qui caractérisent cette nouvelle culture ou ces nouvelles cultures. Le discours est relié au terrain et à la pratique et à l'engagement esthétique et social voire communautaire. L'évaluation et la critique sont constamment sollicitées dans le processus de production et dans celui de la réception, et permettent de vérifier les dynamiques entre les aspects d'un même contexte. Il est intéressant en politique de toujours évaluer et vérifier les performances des politiciens et de constater la disjonction entre les promesses électorales et leur réelle implication et application dans l'amélioration de la vie quotidienne des populations. Souvent, on constate très peu d'amélioration des représentativités ou des diversités de condition économique. On constate très peu d'approches holistiques qui intègrent l'activité des personnes théoriciennes et praticiennes, une mixité multiethnique ou de genre. En fait, en 2006, plusieurs phénomènes de communication, de transmission, ou d'actualisation des nouvelles théories dans les nouvelles pratiques qui s'interinfluencent, accèdent peu à un large public. On constate encore le cloisonnement des champs de l'activité humaine qui favorise des systèmes basés sur les inégalités et les discriminations de genre, d'ethnie, socio-économique et culturelle au niveau local, régional et international. Les nouvelles cultures recherchent la qualité de l'expérience, les approches holistiques et mixtes et proposent des systèmes plus équitables et écologiques. On assiste à de nouvelles transes, de nouvelles addictions, de nouveaux plaisirs, de nouveaux partages. Aussi, de nouvelles aliénations et de nouvelles détériorations, de nouvelles normalisations ou récupérations sont en jeu, dans un système d'économie de consommation, de compétition, de divertissement, de territorisalisation, de reproduction de valeurs hiérarchiques, violentes, de modèles figés, de séduction ou de cloisonnement de genre par exemple. Mais aussi de nouvelles créations, de nouveaux horizons s'ouvrent de nouveaux contrats sociaux, des dissociations, des disjonctions avec ces codes et modes dominants. Ces nouvelles créations proposent une écologie et une économie sociale où on recycle les résidus numériques sonores, le bruit excessif quotidien, ambiant très ou trop présent en milieu urbain, rural et même sauvage. Aujourd'hui, la musique, l'art introduisent, intègrent les bruits de l'environnement en un discours esthétique et critique sur l'environnement, sur la musique et sur l'art. La musique et l'art deviennent des matières ou des instances de changement des perceptions, de l'expérience, de la conscience. Un nouveau paradigme du bruit comme artefacts est réinjecté dans une perspective esthétique et écologique et désigne la menace de la surdité, désigne la possibilité de modifier culturellement sa perception et les valeurs qui sous-tendent cette perception, la détérioration des conditions de vie par la pollution sonore, la pollution médiatique, la pollution des communications (cellulaires et cie).On assiste à un phénomène de compensation à défaut d'une cohésion spatio-temporelle, d'un effet de réel. Notre désir de reconstitution d'un récit, notre réflexe de la réorganisation du cérébral, du physique et de l'imaginaire, des affects est sollicité. On met en place des processus de reconfiguration, de réinterprétation, réactualisation des disjonctions sonores proposées dans une architecture audio, visuelle, multimédia, vidéographique ou filmique, radiophonique ou télévisuelle en rupture avec l'inacceptable. En effet plusieurs intervenantes et intervenants du colloque Problématiques de l'architecture des nouvelles formes narratives ont élaboré sur le rapport entre le son et l'image dont celui de disjonction dont les films de Michael Snow (Prelude de Michael Snow (2000), commenté par Mario Côté dans sa communication "Disjonction son et image") et de Joyce Wieland [2] en étaient des illustrations fortes. Dans les deux cas le bruit jouait un rôle de remise en question ou la déterritorialisation du sens et des codes dominants de la politique ou du cinéma, le contrat social dominant et ses enjeux de simulacre de cohésion, et renforcement des hiérarchies pour désigner la Trudeaumanie et l'obsession du canada uni d'un océan à l'autre que Joyce Wieland critique par un dispositif de saturation et d'humour et par l'introduction du bruit et du silence comme moyen d'énonciation. [2] « [...] Wieland avait réalisé Reason over Passion (1969, v.f. La raison avant la passion). On ne peut sous-estimer l'importance qu'a eue ce film pour inscrire le cinéma d'avant-garde dans le nationalisme culturel canadien de l'ère Trudeau (le titre de Wieland est la célèbre devise politique de Trudeau). Wieland poursuit son oeuvre avec une série de films à connotation politique : Pierre Vallières (1972), Rat Life and Diet in North America (1973) et Solidarity (1973). Elle termine sa carrière cinématographique par un long métrage de fiction plus classique, The Far Shore (1975), un récit sur la vie du peintre canadien Tom THOMSON. [...] En plus de donner un souffle à une école féministe au sein du cinéma d'avant-garde canadien, Wieland, plus que quiconque, a su imposer le cinéma expérimental comme une expression politique artistique canadienne incontournable. » dans « Cinéma expérimental », Bart Testa. http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0002802 Leila Sujir présente au colloque Problématiques de l'architecture des Nouvelles Formes Narratives, Techno Whispers, une exploration de l'architecture du travail du film de Joyce Wieland et du travail vidéo de Chantal Du Pont, Mona Hatoum, Tricia Middelton and Joel Taylor, and Elizabeth MacKenzie, Rae Staeson pour une considération de leur intertextualité. La cybercommunication et la cybernarrativité questionnent le besoin bien humain de constituer, reconstituer de la cohésion, de la continuité, du synchronisme, de l'effet de réel et de l'arc réflexe (il y a un geste et je peux repérer un événement directement relié à ce geste. Ou encore, il y a une variation et je peux entendre le son en synchronisme avec cette variation). Compensation pour se faire croire que nous sommes dans le meilleur des mondes telles les représentations Hollywoodiennes, tels ses propres récits, ses propres affects, tels ses propres repères. Le phénomène de l'interactivité est désormais présent dans de nombreux dispositifs. La relation entre le son, son environnement et son effet sur la qualité de la vie, la qualité des personnes et leur possible intervention est pensée, orchestrée. Avec l'arrivée des logiciels auteurs, il y a plusieurs possibilités offertes par la programmation allant de la participation de procédés aléatoires jusqu'à des modalités qui placent au centre des oeuvre, la personne interactrice et dont l'action, l'apport actif est sollicité. Les dix dernières années ont vu l'éclosion des installations multimédias et leurs propositions immersives, où les rôles de la personne interactrice et de l'environnement sont centraux. Cette ère a vu déferler tout un monde où la personne performeuse (musicienne, danseuse, etc.) interagit sur les médias interactifs lors de sa représentation et où elle est placée au centre de l'œuvre, et en plus, en interaction avec l'œuvre et le public parfois. Lors du colloque sur les Problématiques de l'architecture des nouvelles formes narratives, madame Chantal Du Pont nous a présenté la communication " Machination du regard, parcours fragmentés " [3] sur la circularité et des installations dont celles qui mettent en place un dispositif d'installation vidéo actionné par le vent. Ce thème de la circularité est récurrent à notre époque, nombreux projets par ailleurs présentent des projections en trois cents soixante degrés et en octophonie (voir la Société des arts technologiques http://www.sat.qc.ca/ ). Le projet multimédia interactif sur CD ROM, Person to Person, (1998) des artistes des Pays-Bas Madelon Hooykaas et Elsa Stansfield permet à la personne interactrice de constituer son propre album d'extraits des photos de paysages proposées par les artistes. Nombreux jeux sonores dans les applications multimédias permettent à la personne interactrice d'orchestrer elle-même une pièce électroacoustique, de spatialiser le son elle-même, lui permettent de sélectionner elle-même des échantillons, et de les transformer en temps réel (Voir le projet Post-audio de l'Agence Topo : http://www.agencetopo.qc.ca/postaudio. [3] " Les mécanismes de structuration de l'oeuvre vidéographique et de mise en espace sont examinés du point de vue du concept de circularité. " : Outside/Inside (1982), Compass (1984), Person to Person, (1998) de Hooykaas/Stansfield et Beacon (two Versions of the Imaginary) (1990) de Gary Hill. Le rôle du bruit "e,t" le sentiment de la perte de sens et de l'impossibilité de.... Dans les expressions actuelles, on retrouve des formes itératives, les approches orbiculaires, en spirale, les répétitions, les sources simultanées et multiples, la saturation, le synchronisme ou la disjonction du son avec les autres modes d'expression en place. Les nouvelles formes narratives, les nouveaux registres, les nouvelles tessitures ratissent large : de la simple reconnaissance d'une source et de sources multiples, leur constitution dans un récit personnel, jusqu'à la saturation des sources et l'impossibilité de signifiance. Nous sommes à vivre une transformation humaine à la fois reliée au fait de combattre la dégradation de la qualité de l'environnement et à la fois à renforcer l'avancée et l'épanouissement culturel et démocratique d'un plus grand nombre, de favoriser la diversité des points de vue reliés au genre ou aux origines. Nous sommes à créer de nouveaux contrats sociaux et ils transparaissent dans les nouvelles cultures. Le bruit avant la musique et la musique après les bruits nous amène dans l'univers de la " sonificitation " de " l'architecture acoustique " et de la conception d'instruments, nous amène à une redéfinition de l'histoire du bruit pollution ou de la pollution sonore, du bruit alerte, du bruit danger. Désormais il faut aussi pallier à la menace du bruit créé sans préoccupation de qualité de l'environnement et de qualité de vie humaine, sans considération écologiste, ce qui produit une perte de contrôle de l'humanité sur sa qualité de vie, sur la qualité de son environnement et de ses perspectives. Le travail autoréférentiel, poétique, de constituer soi-même son propre récit, sa propre mise au jeu, mise en scène est en jeu dans de nouveaux dispositifs. On sollicite les personnes en interaction à faire ce travail actif et le développement de sa capacité, de son savoir, de son savoir-faire, de sa compétence à constituer, reconstituer un récit personnel, une création. On sollicite la modification de ses schèmes de qualité et sa capacité d'élaborer d'autres critères d'évaluation que ceux du passé. De nouveaux critères permettent d'apprécier les images ou les bruits résiduels d'un dispositif actionné par le vent. La qualité de l'image et du son et la qualité de transmission peuvent être pauvres, saturées, non contrôlées. Les ateliers, les laboratoires expérimentaux se sont développés ces dernières années. Ils instrumentent et documentent les personnes qui veulent bien interagir pour vivre une expérience sonore et leur expérimentation influence très certainement la production sonore artistique et musicale. Ces moyens développés lors d'événements politiques ou culturels ont surgi dans les pratiques, toujours dans cette optique de démocratiser, de réseauter, de partager la technologie, le pouvoir de l'expression, le plaisir de la création collective ou de la simple expérimentation mise en commun. Les personnes sont placées en position d'exercer un pouvoir en tant que personne artiste-musicienne-citoyenne à la découverte de l'aventure de la création sonore. Des questions sur les qualités des expressions surgissent? Le sentiment de la musique et du bruit réfère-t-il à une détérioration passive, psychologisante, ou à une disjonction d'un modèle dominant et une résistance active, ou autrement, à une action collective, solidaire, créative, socialisante? Ce sentiment réfère-t-il encore à une simple consommation de jouet et de simples mondanités où la production sonore est accessoire, décorative, divertissante? Quel contrat social retrouve-t-on implicitement ou explicitement dans ces références et ces questionnements? Plusieurs artistes travaillent sur la matière, travaillent la perte de sens et même l'impossibilité de reconstituer, régénérer le sens ou un autre sens. Le contrat social activé dans la désignation de cette impossibilité est aussi l'activation de la désignation de l'aliénation des droits et des libertés : l'impossibilité de lutter, de résister ou de créer de façon autonome, libre de nouvelles déterriotalisation du langage, de la technologie, du corps, des relations, de l'environnement, dans cette ère de dématérialisation du corps, de la médiatisation constante de la communication, de la virtualisation de l'expérience humaine non reliée au monde réel, à une dimension humaine. Les nouveaux bruits sont influencés par la temporalité d'aujourd'hui ou la personne est en perte de contrôle et de qualité par le rythme qui s'accroît constamment et son corollaire le stress et la saturation pour la personne humaine. Les nouveaux bruits sont-ils nouvelles projections du futur, nouvelles énergies, nouvelles matières spatio-temporelles, nouvelles adaptations humaines? Dans la culture dominante, on se retrouve face à des propositions suicidaires, kamikazes, face à la mort, la violence, le mépris de la différence, l'aliénation du corps, de la personne, de son environnement, à ce point tel que ces propositions sont volontairement désignées comme des fatalités alors que ce sont de possibles avatars du système dominant. Le contrat axé sur la morbidité est une fausseté érigée en système, qui maintient son simulacre de vérité, qui volontairement exclut des réelles fonctions créatives, d'adaptation et de survie des espèces vivantes. Malheureusement, ce sont des contrats sociaux très forts dans les systèmes politiques discriminatoires, centralisés, hiérarchiques, antidémocratiques axés sur la reconnaissance, et le renforcement du statu quo de ce système, basé sur la dépendance, la passivité, les pouvoirs de domination; les contrôles des conditions et situations de vie et des relations au monde. La machine est à l'image du système qui la crée c'est-à-dire qu'elle a tout pouvoir et déshumanise, dans des codes stéréotypés et figés ou désengagés socialement, ou on replace le corps toujours dans une perspective d'asservissement, de contrôle. Pourtant, tout peut être modifié par l'éducation, la culture et la démocratie ou encore par l'autonomie, l'indépendance, l'autodétermination, la solidarité, l'engagement citoyen et collectif comme on peut le constater en fait. Par exemple, on peut facilement imaginer que Montréal devient du jour au lendemain une ville sans automobile! Comment cette véritable modification dans nos vies personnelles et citadines, cette expérience de ville piétonnière où le transport en commun est gratuit, pourrait transformer la création musicale et l'art sonore à Montréal? |
Le bruit "e,t" les systèmes plus démocratiques Le contrat social activé dans les systèmes plus démocratiques est celui où chaque personne intervenant, joue un rôle important, influence la création collective de façon autonome et contribue librement à une reconstitution d'un parcours personnalisé, d'un récit, du sens, du signifiant, où les valeurs d'appréciation sont fondées sur ce fait de la démocratie, de l'autonomie des individus et leur liberté et l'épanouissement de leur expression et de leur création et de leur socialisation conviviale entre eux, de relations pacifiques. La signifiance prend toute sa force dans des actions humanisantes reliées à l'intervention pour la qualité des relations et de l'environnement, engagées dans une critique, une conscientisation, un échange, une déstabilisation constante des systèmes dominants, une déterritorisalisation constante. Ce contrat social plus démocratique déhiérachise les instances et la matière du monde sonore, du corps, de la voix, des instruments, des machines, des bruits, de la musique. Il n'y a pas une direction mais plusieurs. Il n'y a pas nécessairement de construction reconnaissable linéaire, et faisant référence à un système de domination, de contrôle où les dispositifs en jeu sont manipulés, contrôlés pour leur propre reproduction. On vit une polysémie en constante mutation. Aujourd'hui en 2006 pour évaluer quel contrat social est en jeu dans une proposition et quel système prévaut dans cette proposition, on peut par exemple simplement analyser la représentativité de la diversité de genre, d'ethnie, de classe socio-économique et culturelle. Au pire on assiste à des présentations, des propositions ou des représentations où les dispositifs ne critiquent pas la mise en scène de la représentativité non-diversifiée. S'il y a une quelconque mixité, est-elle minoritaire et alibi, est-elle impliquée dans un réseau de relations qui asservissent l'un ou l'autre genre par exemple? Alors, le même système de relations de domination demeure. Encore là, le dispositif critique ou autocritique créatif et indisciplinaire dans ce contrat social n'est pas évident du moins en termes de système de relation. De façon générale pour évaluer quel contrat social est en jeu dans une proposition, on peut évaluer l'intensité de paramètre comme l'autocritique, la liberté, l'autonomie et comment elles sont liées, solidaires dans la remise en cause du système dominant? Le monde sonore reflète les stéréotypes commerciaux, industriels, ce modèle de la politique qui continue de dominer encore en 2006 : compétition, hiérarchie, surconsommation, productivité, compétitivité. Pour beaucoup le bruit vient modifier ces valeurs. Comment sont totalement remis en question ces modèles et comment cette remise en question se transpose dans le monde sonore? La diversité culturelle et politique, telle que définie présentement par les protagonistes cultes des académies et des industries (le discours), se limite-t-elle à la reproduction d'un système conservateur et hiérarchique (la pratique) qui récupère quelques minorités alibis, et justifie l'existence du système dominant, le cautionne ou sert de faire-valoir à ce système dominant? Au mieux, voit-on poindre quelques récupérations d'éléments des cultures alternatives ou artistiques du monde sonore qui désigne la pollution sonore des modes de vie actuels et les possibles développements durables. Comment les contrats sociaux alternatifs proposés s'articulent-ils? Quelles écologies et économies sociales viennent régénérer ou bonifier la qualité des situations, des relations, de l'environnement et favoriser l'humanisation. Il est certain que les simulacres scont désignés à leur base et que le système dominant est remis en question à sa source. En 2006, la jouissance instantanée et l'archivage, la collection d'artefacts, priment sur le développement durable et sur les solidarités sociales et internationales, priment sur la construction solidaire de qualité des situations, des relations et de l'environnement. Le bruit objet prime sur le bruit sujet de l'histoire. Le système dominant évolue (démocratiquement) par obligation, par le jeu de pouvoir exercé, par l'implication citoyenne, les combats démocratiques et les actions collectives. On souhaite une volonté politique de remettre en cause le système et concevoir le changement qui s'impose à l'humanité actuellement, devant la rapidité de la dégradation de son corps, de son environnement et des espèces. Les logiques binaires qui opposent écologie, humain, machine sont des modèles de pensée dépassés actuellement, mais encore très présents dans des systèmes de relations compétitifs et de modèles figés. Au contraire, les machines peuvent être créées en symbiose avec des principes écologiques et non en adaptation à la pollution de l'environnement ou l'asservissement humain, ou en des abstractions et impératifs qui ne tiennent pas en compte la qualité de l'environnement ou le contexte par exemple. De même les transformations biologiques, les modifications génétiques, auxquelles on assiste, peuvent s'inscrire dans des perspectives proactives écologistes ou comme on le vit présentement, en adaptation au statu quo dont on connaît les effets dévastateurs à l'heure actuelle. Il en est de même avec le genre, l'origine ethnique, économique ou culturelle, dans le monde sonore. Au contraire, l'insertion et la présence de la diversité humaine et culturelle dans la musique, sa représentation ont permis d'inscrire la voix féminine (en tant que sujet performeuse, improvisatrice et compositrice) en s'insérant dans la production électroacoustique; cette diversité a permis de désigner des contrats sociaux engagés dans une expression solidaire, relationnelle, utile socialement. La communication de madame Hannah Bosma lors de la conférence Dedans/Dehors du studio a été des plus intéressantes pour souligner l'apport des femmes dans la musique électroacoustique. Pour plusieurs, c'est un apport radicalement nouveau dans le monde sonore à partir du moment où une femme désigne sa présence dans un monde sonore ou musical presque exclusivement masculin. Autres apports significatifs de l'insertion et la présence de la diversité humaine et culturelle dans la musique, c'est la présence des bruits de la vie quotidienne, domestique, de mixité et de métissage des musiques, où machines, folklores et influences des musiques du monde sont orchestrées en amalgames, en agencements qui remettent en question leurs modèles sources d'origine et les modèles dominants. Voilà pour les bruits et la qualité de nos vies. Voilà pour le bruit perçu comme représentation symbolique de la conscience critique et de la signifiance d'un contrat social écologiste, pacifiste, féministe. Voilà, une petite installation philosophique et poétique dans un champ littéraire et théorique qui fait du bruit, de bouche et de mémoire, bruit qui est modifié écologiquement en temps réel, virtuel. Je remercie les personnes qui ont permis d'élaborer ces réflexions et cette sensibilisation au monde sonore d'aujourd'hui et aux nouveaux contrats sociaux qui le voient émerger ou qui le produisent. En 2005, les deux événements du monde sonore suivants ont influencé ce texte, parce qu'ils ont questionné le contrat social de la création sonore et son rapport à différents champs culturels de production, de communication et de création, du point de vue de la réception et de la perception. Vous pouvez trouver sur leur site respectif plus d'information sur les communications et les notes biographiques des participantes et participants :1 ) La conférence In and out of the sound studio, Dedans/Dehors du
studio. Université Concordia, Montréal, du 25 au 29 juillet 2005 a
permis de diffuser des communications, des concerts ou des performances
sur les thèmes : genre, sons, technologies et technologies sonores.
2) Le colloque sur les Problématiques de l'architecture des
Nouvelles formes narratives en création audio et vidéo. http://eavm.uqam.ca/nfn/ du 28 octobre
au 30 octobre à Galerie de l'UQAM et au Goethe-Institut animé par André
Clément avec des personnes représentant le Centre interuniversitaire des
arts médiatiques (CIAM), l'Université du Québec à Montréal et l'Université
Concordia. Commentaire de Andra McCartney You raise some important points about the democratising possibilities of working with noise, computer noise, electroacoustic noise. You make me think about the hierarchies of institutions of noise practice that channel and cap those possibilities. The social ecologies of sound production: a glass window separating perfromer from engineer; the one-way channel of a talkback button; the invisible glass ceilings built from gendered attitudes about practice, aesthetics, genre boundaries. The equipment at the centre of those studios with its price and power limited to the hands of a few experts. The social ecology of electroacoustics defined as spatialized sound using multi-speaker arrays, setups whose expense limits practice to a few. The social ecology of campus and community radio stations, with technical setups sometimes pinned together with limited budgets and optimism, that aim for diversity in policy and sometimes in practice, where many women get their first access to sound equipment and a community of practitioners. The social ecology of digital arts centres like studio xx, where sound practice rubs shoulders with many types of digital work in the hands of women. Your piece makes me wonder as well - if it were possible to obtain further funding to continue this research on gender and sound practice, how best to develop this project? How can we use the web to communicate and archive, to form possible connections and movement? What kinds of gatherings, sound events, seminars and workshops do people want? What would further encourage access to sound practice by a wide range of practitioners and conversations about varied sound aesthetics and approaches? e,t
Article de Sylvie Chenard Le bruit "e,t" son contrat social "On assiste à de nouvelles transes, de nouvelles addictions, de nouveaux plaisirs, de nouveaux partages… de nouvelles aliénations et de nouvelles détériorations, de nouvelles normalisations ou récupérations sont en jeu…" Je suis d’accord avec toi, Sylvie. Que ce soit par la pollution sonore, médiatique ou celle des communications, le bruit nous assaille désormais de toutes parts. Nous reste-t-il des aires de paix, des oasis de tranquillité dans nos lieux publics? Il est évident que l’architecture de nos villes et des lieux que nous fréquentons quotidiennement se prêtent de moins en moins à la tranquillité. Notre ouïe est sans cesse sollicitée, surexcitée même. Dans la sphère publique, l’environnement qu’ont créé nos administrateurs/dirigeants, influe sur le citoyen de façon directe et chacun doit moyenner comme il peut, plus ou moins conscient de l’état de la situation, des transformations en cours. Il est primordial que les artistes sonores engagés s’intéressent au bruit ainsi qu’à la façon qu’il intervient dans nos vies, qu’ils s’interrogent aussi sur notre environnement sonore et suscitent une réflexion à ce sujet. Il incombe à ces artistes, ceux qui sont en dehors des intérêts politiques et financiers, de poser des questions et de susciter une réflexion. Le rôle du bruit "e,t" le sentiment de la perte de sens etc… Nous sommes à créer de "nouveaux contrats sociaux" dis-tu. Je trouve fort intéressant ce concept de contrat social puisqu’il implique des responsabilités de part et d’autre - il faut au moins deux partis pour qu’il y ait contrat. Mais pour qu’un administrateur ou/et un individu soit en mesure de prendre une décision éclairée, il se doit d’être informé et en la matière. Les citoyens doivent aussi être conscientisés à ce phénomène qui les touche directement. La personne la plus compétente pour venir en aide à la fois aux administrateurs et aux citoyens est l’artiste sonore. De par son savoir et sa réflexion, je crois que l’artiste sonore devrait être invité à participer activement à la conception de nos espaces publics, un rôle à la fois de conseiller et d’éducateur. Dans cette fonction éducative, n’oublions pas d’ailleurs que l’éducation a été jusqu’à présent l’apanage des femmes. En sera-t-il ainsi dans les "nouvelles cultures"? Si oui, est-ce dire que l’artiste sonore féminine détient une responsabilité toute "spéciale". Cela m’apparaît à la fois logique et illogique puisque la technologie, dit-on, demeure un champ d’activité privilégié par les hommes et que les femmes hésitent à emboîter le pas… Sont-elles prêtes à assumer cette nouvelle fonction qui s’ajoute à leur rôle d’éducatrice? Sylvie, tu fais d’ailleurs allusion à la contribution des femmes dans la dernière partie de ton article que tu as intitulée, Événements références. Et David Cecchetto en avait fort bien parlé lors de la conférence In and Out of the Sound Studio/Dedans et dehors du studio lors de sa causerie : Gender and the Paradigmatic Limitations of «Musical Knowledge» in the Recorded Medium. Je me demande si une partie de ton article ne devrait pas élaborer de façon significative l’apport éducationnel féminin?... Mais les femmes en tant qu’éducatrice pourront-elles être de la partie, ou, ce sont-elles déjà fait damer le pion? Oui, créer de nouveaux «contrats sociaux» me semble excessivement important! Le bruit "e,t" les systèmes plus démocratiques Je lis et relis cette partie de l’article sans arriver à en extraire une partie plus importante qu’une autre. Je m’arrête enfin sur cette phrase: "On souhaite une volonté politique de remettre en cause le système et concevoir le changement qui s’impose à l’humanité actuellement". Je suis de celles et ceux qui croient au pouvoir d’une communauté ou d’un groupe comme moyen de pression politique. En général, nos dirigeants politiques ne sont que des marionnettes avides du pouvoir, désireux de battages publicitaires. Il me semble que c’est auprès de la population en général qu’il faut d’abord travailler puisque, en fin de compte, ce sont les électeurs qui détiennent le pouvoir s’ils veulent s’en servir. Il appartient aux électeurs et aux groupes sociaux de dicter aux politiciens la voie à suivre, de leur donner une voix. Personnellement, je m’en prends plus à la force et à la psychologie publicitaire actuelle qu’aux politiciens. Les tactiques et le savoir-faire qu’utilise la publicité ne font pas qu’offrir des produits mais elles nous dictent quoi, quand et comment consommer. La consommation nous gobe mais d’autre part, nous nous laissons gober par elle. Nous sommes d’excellents consommateurs! Preuve : nous confions volontiers à quelques mégas entreprises notre droit décisionnel. Dans un effort de conscientisation de notre milieu aux effets pervers de la publicité, j’ai d’ailleurs commencé l’an passé la rédaction d’une pièce de théâtre au sujet de l’achat d’un téléphone portable. Cette rédaction vieillie très vite pour ce qui est des qualités du petit objet en question, mais l’aspect consommation que j’y décrie demeure d’actualité. Je suis en train de reprendre le tout, en conservant les idées de bases (achat, consommation, vendeur emberlificotant et clients qui se laissent berner) mais sous la forme d’une courte pièce radiophonique. Pourquoi tant de consommateurs se laissent-ils raconter tant de fausses histoires? Le rêve est entaché… L’objet est alléchant. Le vendeur gagne. Et la technologie, finement conçue, habile, rêve à notre place! Pour les aspects pratiques Suite à la performance que Shona Dietz et moi avons présentée à l’été 2005 lors de la Conférence In and Out à l’université Concordia, Confidence, je m’intéresse toujours au téléphone portable, petit objet dont la technologie évolue sans cesse. Petit objet passablement abordable, pratique et adorable. Mais c’est sa capacité de nous transformer, de transformer nos habitudes et nos vies qui m’interpelle. Il nous a, entre autres, fait passer du privé au public sans questionnement et sans crainte. Par exemple, ces conversations que l’on criait à voix forte (il y a quelques années on criait lorsqu’on parlait au téléphone portable…), comme une sorte de besoin de dévoiler son intimité lors d’appels fait dans des lieux publics, sont devenues choses normales maintenant. On parle partout, en tout temps, sans réserve. On a transgressé soi-même, volontairement, les barrières de la vie privée. D’un coup, celle-ci est devenue publique… Pourquoi les gens acceptaient-ils soudainement de dire publiquement ce qu’ils disaient privément (même à leur blonde…) auparavant? Voilà une curieuse façon de prendre la parole… Et en même temps, certains s’inquiètent de notre vie privée qui s’effrite, qui n’a plus de secret pour personne. Le secret de nos données identitaires est menacé, alors que nous acceptons volontiers de dévoiler qui nous sommes via la technologie que nous utilisons... Aujourd’hui, ce petit appareil, conçu pour la communication, sonne partout. Il fait l’objet d’un brassage publicitaire exceptionnel, la meilleure réussite publicitaire après Barbie. Il est sans contredit un bon outil de communication, mais il pollue aussi nos vies. N’avons-nous pas tout simplement succombé à une publicité envahissante? L’usage du téléphone portable est-il abusif? Devrons-nous légiférer en la matière? Attali, Jacques. 1985. Noise: The Political Economy of Music, trans. B. Massumi. 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