DIY (Do It Yourself) : BROUILLAGE CYPRINE
LES DROITS D'AUTEUR ET LES DROITS DES ARTISTES
Pendant cette résidence j'ai eu l'occasion de recevoir une
formation sur les droits d'auteurs offerte par le Conseil
Québécois des arts médiatiques. Je partage avec
vous mes réflexions et vous invite à suivre cette
formation si vous vous posez des questions sur vos droits ou les droits
d'auteur.
Les quelques conclusions que je tire de toute cette information est
qu'il vaut toujours mieux demander l'autorisation d'utilisation aux
auteurs si c'est possible, par engagement solidaire et culturel.
Lorsque c'est possible on paye les ayants droits. Il y a tant
d'institutions qui devraient payer les droits aux auteurs et qui
réussissent à s'esquiver.
C'est pourtant la seule source de revenu artistique pour bien des
artistes, et ce revenu parvient rarement à l'artiste
lui-même.
Lorsque qu'on élabore un projet où ce n'est pas possible
d'obtenir toutes les autorisations, on utilise notre droit à la
citation pour des fins artistiques, éducatives si on est une
artiste sans moyens et sans appuis, mais ce n'est pas ce qui est
préférable. Dans le cas d'une artiste qui a les moyens,
il est souhaitable que sa subvention inclue les droits d'auteur. Mais
comme on le sait, certains projets ne sont pas financés parce
qu'ils ont nombreux droits d'auteur à payer! Mmmm que faire! Le
piège se referme et l'auteure n'a toujours rien pour sa survie
et on ne parle pas de conditions décentes et la culture n'est
plus libre et s'appauvrie, devient passéiste parce que quand on
est mort depuis longtemps notre travail devient du domaine public.
L'idée même de reconnaître le travail des artistes
et des conditions de vie décentes, n'est pas admise socialement
et les moyens alternatifs de leur rendre leur droits d'auteur non plus.
Si des fonds suffisants étaient accordés aux projets
culturels et éducatifs et des équipes complètes
rémunérés pour respecter les droits des auteurs,
si les auteurs avaient suffisamment de revenu pour
vivre décemment, peut-être serions-nous dans la
société démocratique dont nous rêvons
encore. Il est nécessaire de développer des alternatives
de partages de sources dont les ayants droits sont
libérés ou sont respectés par du financement
à cette fin.
Dans mon projet qui porte sur le brouillage culturel et qui par
définition cite abondamment la culture dominante, envahissante,
je n'ai pas cité Gainsbourg, mais j'ai cité La Bolduc.
Alors j'en appelle à la communauté artistique faites-moi
signe lorsque vous voulez que je vous cite! Et pour ma part,
dorénavant je vais identifier ce que j'autorise ou non, toujours
en mentionnant la source, et quels sont les termes et conditions de
cette utilisation variable selon la demande. À venir. P.S. Pour
les personnes qui se croient protégées par les lois, il
suffit que quelqu'un ait énormément d'argent pour
récupérer votre travail, vos idées, à son
seul bénéfice. Alors toutes précautions pour
protéger ses droits sont très relatives mais pas
inutiles.
Dans l'obtique de participer au mouvement pour faire avancer la
situation, voici des extraits d'une lettre pour le droits à la
culture.
POUR LES DROITS DES ARTISTES ET DES CENTRES D'ARTISTES ENTRE AUTRES
Montréal, le jeudi 12 février 2004
Lettre à une amie, à une mécène, à
une Ministre ou à une société, écrite en
solidarité et en collaboration avec le Mouvement pour les arts
et les lettres!
Vous connaissez comme nous la fragilité du milieu culturel
québécois. Vous savez comme nous que sans un financement
adéquat de la culture et plus particulièrement de la
création, c’est notre identité culturelle qui est
menacée.
Vous savez tout comme nous que l’État a une
responsabilité fondamentale dans la préservation et le
développement de notre identité. Comme nous, vous savez
que des compressions budgétaires dans le milieu des arts et des
lettres auraient des conséquences catastrophiques pour
l’écologie du milieu culturel.
Madame la ministre, nous savons que vous savez puisque votre programme
électoral culturel, De rempart à tremplin, fait le
même constat que nous.
Or, votre ministère a confirmé que les dépenses en
immobilisations augmenteraient de 30 millions de dollars au cours du
prochain exercice budgétaire. De plus, les dépenses
reliées à la gestion des coûts de système
engendreraient des déboursés supplémentaires de 5
millions de dollars pour votre ministère. C’est donc 35
millions de dollars supplémentaires qui sont nécessaires
pour maintenir à son niveau actuel les programmes de soutien
à la culture.
Lors du dernier budget, des réaménagements
budgétaires de moins de 4 millions de dollars ont
entraîné des impacts indéniables sur la
chaîne création, production, diffusion, au cœur de
notre développement culturel.
Imaginez notre angoisse devant des compressions potentielles de l’ordre de 35 millions de dollars!
Dans le domaine des arts médiatiques, toute compression
budgétaire au CALQ ferait en sorte que, du côté des
organismes, la vingtaine de centres d’artistes en arts
médiatiques qui soutiennent la recherche, la production, la
diffusion et la distribution des œuvres indépendantes en
arts médiatiques n’auraient pas d’autre choix que de
réduire l’accès offert au créateurs,
d’abolir des programmes de co-production et cesser la diffusion
et la distribution de leurs catalogues respectifs comprenant plus de 2
500 titres. En ce qui concerne les créateurs
indépendants*, ils seraient doublement affligés…
Outre la diminution d’accès aux moyens de production et de
soutien et de diffusion dans les centres d’artistes, un grand
nombre d’œuvres en film et en vidéo
indépendant ainsi qu’en nouveaux médias et art
audio ne verraient jamais le jour si le financement du CALQ ou de la
SODEC était réduit. Car, un nombre grandissant
d’œuvres en arts médiatiques se réalise
uniquement grâce au soutien du palier provincial. C’est
mettre en péril les conditions de création et de vie de
plus de 1 500 créateurs, en plus de fermer la porte aux nombreux
créateurs émergents qui rejoignent le réseau des
arts médiatiques chaque année.
Depuis cinq ans, le gouvernement du Québec a amorcé le
nécessaire rattrapage dans le financement de la culture
québécoise. Ces éventuelles compressions
surviendront donc au moment où les conditions de vie et de
création des artistes, artisans et travailleurs culturels
commençaient à peine à s’améliorer.
Personnellement, mes conditions ne se sont jamais
améliorées. J'ai obtenu très peu d'aide
financière gouvernementale. L'aide que des centres d'artiste ont
pu m'accorder est nettement insuffisant mais c'est un début. Il
y a les nombreuses personnes avec qui j'ai crée Les projets de
la baleine. Il y a des organismes qui défendent les droits des
artistes. J'espère que ces organismes puissent obtenir davantage
de financement pour répondre aux besoins des artistes et
renforcer les réseaux de solidarités et la diffusion
internationale. J'espère que les artistes obtiennent la
reconnaissance sociale de leur contribution, et le respect de leurs
droits fondamentaux qui s'en suit. J'espère que des organismes
reçoivent tout le support financier pour défendre le
développement de la culture québécoise.
Mes productions sont non-commerciales même si elles doivent
être commercialisées, car ce sont les règles du
marché. Lorsque je crée un projet je renforce
l'économie culturelle et la culture du Québec, mon
identité et la nôtre. Je suis une artiste
extrêmement prolifique, très limitée dans son
développement. Pour diffuser hors Québec, ce qui peut
être une avenue pour de la création non-commerciale, il y
a trop peu d'aide. Des artistes comme moi doivent faire toutes sortes
d'autres travaux pour gagner leur vie que celui de créer,
diffuser, promouvoir leur savoir, leur savoir-faire
québécois, féministe, pacifiste,
écologiste.
Personnellement, ma situation ne s'est pas améliorée,
elle s'est aggravée, même si j'ai accordé tous les
efforts possibles pour mettre au monde et pour diffuser mes
créations en toute liberté. Ces efforts individuels sont
minimes comparés au moyen décent que nécessite le
respect de sa dignité et de ses droits et libertés et
pour un développement culturel durable. Plutôt que de
recevoir de l'aide de mon pays Québec, des mesures
gouvernementales administratives aggravent la situation
déjà désastreuse dans laquelle nombreux artistes
se retrouvent, qui existent et produisent bon an mal an.
Outre les 35 millions de dollars requis pour préserver les
acquis, il est impératif que le rattrapage budgétaire se
poursuive pour atteindre les objectifs que vous avez vous-même
fixés dans votre programme électoral.
Dans le seul domaine des arts et des lettres, il est nécessaire
d’accroître à 90 millions de dollars le budget du
CALQ, de mieux soutenir les créateurs dans les programmes de la
SODEC, de mettre en place immédiatement un filet de
sécurité sociale pour les artistes et de poursuivre la
mise à niveau des équipements culturels qui ont gravement
souffert d’un trop long moratoire.
Lorsque le premier ministre, monsieur Jean Charest, a annoncé
que l’identité était désormais une des cinq
missions essentielles de l’État, nous avons
espéré qu’enfin un financement adéquat de la
culture était à notre portée.
Nous sommes maintenant très inquiets.
Nous comptons sur vous.
* Un créateur indépendant détient tout le
contrôle artistique et éditorial sur son œuvre sur
toutes les étapes jusqu’à la version finale et
reçoit la majeure partie des redevances lors de toute
présentation, reproduction ou vente de son œuvre.
Pour en savoir plus sur le MAL
"Sans culture point d’identité. Pour le Mouvement pour les arts et les lettres
le financement de la culture n’est pas facultatif
VISITEZ RÉGULIÈREMENT LE SITE DE
VOTRE ASSOCIATION NATIONALE OU CELUI DU M.A.L. (www.mal.qc.ca)
Page Précédente
Page Suivante
Dernières modifications mars 2004
http://www.lesprojetsdelabaleine.net
|